visas marocains pour la France

Les visas empoisonnent les relations franco-marocaines

      Sous le titre édifiant, « Entre la France et le Maroc, les visas de la discorde », le quotidien français à grand tirage « Le Monde », consacrait récemment, sa une aux divergences franco-marocaines concernant l’octroi des visas.

   A la source, en septembre 2021, précise Le Monde, Paris annonçait de réduire de 50 % le nombre de visas pour les Marocains, en raison du « refus » du pays de rapatrier ses ressortissants en situation irrégulière en France.

   On s’en souvient, Paris décidait de durcir les conditions d’obtention des visas à l’égard du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie, qui « refusent » de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France, avait annoncé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.

    « C’est une décision drastique, c’est une décision inédite, mais c’est une décision rendue nécessaire par le fait que ces pays n’acceptent pas de reprendre des ressortissants que nous ne souhaitons pas et ne pouvons pas garder en France », a-t-il justifié alors. Il a ainsi confirmé une information qui évoquait une baisse à venir de 50 % du nombre de visas délivrés pour les ressortissants du Maroc et de l’Algérie et de 33 % pour ceux de Tunisie.

   Face à cela, avait alors tempéré Gabriel Attal, « il y a eu un dialogue, ensuite il y a eu des menaces. Aujourd’hui on met cette menace à exécution », rappelant les visites sur ce sujet dans ces trois pays du Premier ministre Jean Castex et de membres du gouvernement, dont le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, ainsi que des réunions avec les ambassadeurs des pays concernés, pour finalement faire valoir qu’ « à un moment quand les choses ne bougent pas, nous faisons appliquer les règles ».

   Cependant, entre temps, les relations concernant les visas avec l’Algérie avaient été améliorées, notamment depuis la récente visite de Macron à Alger et Oran et l’octroi de milliers de visas au profit des étudiants algériens. Pour la Tunisie également, depuis le début du mois en cours, la France a mis fin à sa politique de restriction de visas et a annoncé le 31 août le retour à la normale des procédures d’octroi de visas aux ressortissants tunisiens. Mais pas pour le Maroc.

    Résultat des courses, le sujet empoisonne les relations entre Paris et Rabat depuis un an et les restrictions d’octroi de visas pour entrer en France remontent à la surface. Sous le feu roulant des critiques, dit « Le Monde », la mesure suscite une indignation croissante au sein de la société marocaine. Sur les réseaux sociaux, dans les médias, les témoignages de citoyens atterrés et humiliés par des refus de visas se mêlent à des commentaires acerbes à l’égard de la France, à des appels au principe de réciprocité pour les Français se rendant au Maroc.

        A leur tour, intellectuels et acteurs de la société civile sont montés au créneau. C’est le cas de l’Association marocaine des droits humains qui, le 30 août, appelait la France à cesser son «arrogance » et à « respecter le principe de la libre circulation », tandis que la Fédération marocaine des droits du consommateur exige la restitution des frais de visas non délivrés. « Arrêtez de vous prosterner pour avoir un visa. Le pays qui vous snobe (…), zappez-le », exhorte l’écrivain Mokhtar Chaoui dans un texte sur Facebook largement relayé.

    Plus de 115 organisations au Maroc, surtout, mais aussi ailleurs dans les autres pays du Maghreb, en Algérie, ont lancé un appel ce 15 septembre contre les discriminations et injustices dues au durcissement depuis un an de la politique des visas de la France.

   Dans le communiqué diffusé par ces associations marocaines, il est souligné surtout l’arrogance française » et le « sentiment d’injustice » : « Une punition collective, injuste, visant indistinctement les Marocains ».

   Le coup de froid politique observé entre Rabat et Paris renseigne sur un malaise plus profond.

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