Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a autorisé l’importation des véhicules, lors la réunion extraordinaire du conseil des ministres, les algériens peuvent désormais importer de voitures, tant neuves que d’occasion.
Le débat public sur la voiture d’occasion a été aussitôt lancé et les polémiques enflèrent sur les réseaux sociaux entre les satisfaits, les mécontents, les sceptiques et les indifférents. Chaque parti avait pour lui des atouts, des cartes et des arguments à faire valoir.
Djalia.dz, qui participe à chaque fois au débat d’intérêt général, est allé à la rencontre de trois experts de renom pour avoir une analyse limpide, mesurée et scientifique.
Ces trois experts sont respectivement, Mohamed Benbraika, universitaire et enseignant à Polytechnique, Dr en génie mécanique, chercheur en énergies renouvelables et expert connu et reconnu comme un nom qui pèse, Azzi Amine, analyste en économie, et enfin, Mourad Saadi, un journaliste spécialisé depuis de longues années dans l’automobile et dont la voix porte.
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Pour la voiture d’occasion, il faut faire des calculs rigoureux
Pour Benbraika, « une étude a été faite récemment sur l’importation de voitures de moins de trois ans, et cette étude a démontré la non-rentabilité de cette voiture pour le citoyen, au plan financier s’entend, car tout compte fait, on s’aperçoit que la voiture d’occasion peut coûter plus cher qu’une neuve.
« Puis au prix d’achat, disons entre 12 et 16 000 euros, voire plus, il faut ajouter le shipping, qu’on peut situer aux environs de 2 000 euros, la TVA, à 19% , les taxes de douane à 30 % et si vous faites le total vous allez trouver que c’est beaucoup d’argent ».
Autre point soulevé par M. Benbraika, et qui a son importance, concerne la différence de la « norme émission de gaz; alors que l’Algérie fonctionne avec l’euro 3, les voitures européennes fonctionnent à l’euro 6 ». Pour rappel, les normes européennes d’émissions, dite Euro, sont un ensemble de règlements de l’Union européenne qui fixent les limites maximales de rejets polluants pour les véhicules roulants neufs.
Pour Azzi Amine, « le sujet de la voiture de moins de trois ans en Algérie n’est pas à vraiment dire un événement important, car il faut garder la tête froide et calculer les choses avec minutie. Alors commençons par dire ceci : si vous partez en Europe ou en Asie pour l’acquisition d’une voiture de moins de trois ans, disons année 2020, mettez-vous dans la tête qu’il s’agit d’une voiture neuve et qui garde encore toute sa valeur dans son pays d’origine. Ajoutez à cela que vous allez acheter les devises au prix fort. Donc, la voiture aura toujours un prix élevé.
« Toutefois, cette alternative est toujours la bienvenue, car elle constitue une bouffée d’oxygène pour les citoyens et vaut mieux que la situation de non importation que nous vivions. De ce fait, je dirais qu’il ne s’agit pas véritablement d’une grande opportunité. Si c’était pour les voitures de moins de cinq ans, là je dirais oui, l’affaire est bonne, car les prix auront drastiquement chuté.
« Mais c’est toujours, disons, 50/50% de chances, et au citoyen de savoir trouver les opportunités les plus rentables ».
Azzi Amine relève un autre sujet important, lié à l’importation de la voiture d’occasion: « Il faut garder à l’esprit que cet engouement national pour la voiture d’occasion va créer une pression sur les devises, puisqu’il faut en avoir pour acheter; de ce fait, il faut s’attendre à une remontée spectaculaire de la devise au Square ».
La voiture, génératrice de postes de travail
Pour Mourad Saadi enfin, « il faut savoir que la décision d’importer des véhicules est bénéfique pour l’économie nationale, en ce sens où elle est créatrice de postes de travail que ce soit au niveau de la construction ou au niveau de la distribution.
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« La décision du Président est à saluer, de même que le forcing opéré par les parlementaires, qui ont vraiment insisté sur le sujet pour convaincre le gouvernement.
« Concernant l’importation de voitures d’occasion pour les particuliers, il n’y a qu’à aller jeter un coup d’œil sur les sites spécialisés dans la vente de voitures d’occasion en Europe pour constater que les prix réels ne correspondent pas à ce que le citoyen pense, en ce sens où la voiture d’occasion, âgée d’une année, deux ou même trois ans, garde un prix presque équivalent à celui de la voiture neuve, en tous cas, il n’y a pas de grande différence, à 500 euros de différence près ».