Visas, France, Maroc, Russie : ce qu’a dit le président Abdelmadjid Tebboune

Le président Abdelmadjid Tebboune a accordé une interview exclusive au Figaro.

Aux questions précises du journal français sur les relations avec la France, la situation interne en Algérie, la crise avec le Maroc, la guerre en Ukraine ou encore la situation au Sahel, le président algérien a répondu sans prendre des chemins détournés.

Le président Abdelmadjid Tebboune
Le président Abdelmadjid Tebboune

Abdelmadjid Tebboune a annoncé à l’occasion qu’il se rendra en France, en « visite d’Etat », au cours de l’année 2023.

Au passage, il réitère qu’il a « une certaine complicité » et « une amitié réciproque » avec le président Emmanuel Macron en qui il dit voir « l’incarnation d’une nouvelle génération qui peut sauver les relations entre nos deux pays », même si, reconnaît-il, « nous avons eu, lui comme moi, des formules malheureuses ».

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Le président algérien a dit souhaiter qu’un match de football Algérie-France soit organisé, en Algérie, tout en mettant en garde qu’il n’acceptera pas « qu’on siffle un hymne national ».

Le président Abdelmadjid Tebboune : la situation en Algérie

La situation interne en Algérie a été également abordée dans l’entretien. Tebboune a indiqué que l’armée a été d’une grande sagesse pendant le Hirak, ajoutant que son élection a marqué « le début du changement » qu’il avait « demandé deux ans plus tôt », ce qui lui avait « valu d’être limogé de (son) poste de Premier ministre ».

Sur sa décision de se présenter ou pas pour un deuxième mandat, il dit préférer la réserver aux algériens et, s’agissant de l’extrémisme en Algérie, il assure qu’il est « derrière nous » et « ne représente plus un danger politique ».

C’est le régime marocain qui cause des problèmes, pas le peuple marocain

Au sujet de la crise avec le Maroc, le président Abdelmadjid Tebboune a réitéré que « c’est le régime marocain qui cause des problèmes, pas le peuple marocain » dont 80 000 ressortissants vivent en Algérie « en bonne intelligence ».

Algérie/ Maroc
Algérie/ Maroc

D’ailleurs il affirme avoir applaudi au parcours en Coupe du monde de l’équipe du Maroc qui a honoré le football arabe et maghrébin, comme les marocains avaient soutenu l’Algérie à la CAN 2019.

Sur les médiations entre les deux pays, M. Tebboune s’est de nouveau montré catégorique : « Aucun pays ne peut se poser en médiateur entre nous. »

Les Algériens devraient avoir des visas de 132 ans

Sur le retour à la normale dans la délivrance des visas, annoncée récemment par le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le président Tebboune a estimé que « c’est simplement dans la logique des choses », soulignant que la mobilité entre les deux pays est régie par les Accords d’Évian et ceux de 1968.

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Cette circulation « a été négociée et il convient de la respecter », dit-il. « Les Algériens devraient avoir des visas de 132 ans », a-t-il ironisé.

Interrogé sur les « contreparties » de la décision française, il a répondu, d’abord concernant la délivrance des laissez-passer consulaires : « Le volume de laissez-passer consulaires a augmenté, mais ce n’est pas le nombre qui compte, c’est le respect des principes ».

Le président algérien a expliqué que lorsque « ceux qui ont seulement la nationalité algérienne » ne respectent pas la loi, les laissez-passer sont délivrés.

visa
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Une partie de la colonisation doit être dépolitisée et remise à l’histoire

Pour Abdelmadjid Tebboune, les relations entre les deux pays ont besoin, pour s’apaiser, que la France se libère de son complexe de colonisateur et l’Algérie de son complexe de colonisé, soulignant que le regard envers l’Algérie doit changer car le pays est très différent de ce qu’il était en 1962.

Au chapitre de la mémoire, Abdelmadjid Tebboune a indiqué « qu’une partie de la colonisation doit être dépolitisée et remise à l’histoire », d’où la décision de nommer de part et d’autre des commissions d’historiens.

Il a notamment demandé que la France nettoie les sites des essais nucléaires à Reggane et Tamanrasset et qu’elle prenne en charge les soins médicaux des personnes sur place.

Le président Abdelmadjid Tebboune : augmentation des flux de gaz algérien

L’autre supposée contrepartie, c’est l’augmentation des flux de gaz algérien vers la France.

Abdelmadjid Tebboune a répondu sans ambages : les autorités françaises n’ont pas exprimé une telle demande et si elles le demandaient, l’Algérie augmentera ses livraisons.

Relations entre l’Algérie et la Russie

Interrogé sur les relations avec la Russie, M. Tebboune a révélé qu’il se déplacera en 2023 également à Moscou et indiqué qu’il n’approuve pas et ne condamne pas l’opération russe en Ukraine.

« Personne ne pourra jamais satelliser l’Algérie », a-t-il asséné.

Relations entre l'Algérie et la Russie
Relations entre l’Algérie et la Russie

Sur la présence du groupe Wagner au Mali, le président algérien estime que « l’argent qui coûte cette présence serait mieux placé et plus utile s’il allait dans le développement du Sahel ».

« Là-bas, la solution est à 80 % économique et à 20 % sécuritaire », assure-t-il.

Le président Abdelmadjid Tebboune : langue française

La place de la langue française en Algérie a été aussi abordée. Le président de la République a d’abord nié tout recul de cette langue, puisque 27 millions d’algériens la parlent contre seulement 900.000 en 1962.

Le président algérien a déclaré :  » Il est déraisonnable d’obliger les algériens à l’apprendre.Nous ne sommes pas devenus indépendants en 1962 pour devenir membres d’une communauté linguistique. Commonwealth, en plus du fait que l’anglais est une langue universelle, et c’est un fait ».

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